mardi 23 juillet 2013

Edito juillet 2013



Une vision d’apocalypse. C’est une expression galvaudée, qu’on utilise parfois pour qualifier des faits aussi divers qu’un match de foot pathétique (il y en plein), une fuite d’eau découverte le lendemain matin dans la cuisine, ou même un soufflet raté (malheureusement, ça arrive souvent aussi). Si vous en avez le temps, et les nerfs solides, vous pourrez apprécier la réalité de l’expression à l’occasion d’une simple excursion en bordure des gaves. Mais le plus étonnant reste le fait qu’on n’y rencontre pas nécessairement ce qu’on pourrait alors y attendre, ni archanges vengeurs, ni dragons crachant des flammes, ni zombis gourmets mangeurs de cerveaux ou de rivières de lave en fusion, mais bien plutôt une large coulée de vase grise parsemée de monceaux d’ordures encombrant branches et buissons, des sacs de tous formats, des emballages de toutes matières, des objets hétéroclites, biscornus et défoncés, vestiges jusque là cachés de notre quotidien. Finalement, pas de visions dantesques ou de chaos délirant, la fin du monde, à défaut d’être l’œuvre des cavaliers de l’Apocalypse, serait celle d’une humanité avalée par ses propres ordures? Evidemment, on ne saurait résumer le bilan  d’une crue historique et tragique aux berges souillées du Gave, mais il s’agit ici de se focaliser plus particulièrement sur ces dernières afin de lancer un humble questionnement quant à une pratique consumériste qui ne saurait longtemps encore cacher des rebuts aussi conséquents que volumineux : Même ici, dans une contrée aussi préservée et riche de sa nature et de son patrimoine, de ses acteurs locaux et de ses réseaux extérieurs, les déchets accumulés depuis des décennies ne peuvent rester indéfiniment planqués.

D’où l’on peut tirer une leçon simple que dans la vie, au travail comme dans la rue, dans les temps durs comme dans la vie quotidienne, dans les maisons comme dans les usines, l’idée même de la solidarité et du bon sens collectif restent d’actualité. Solidarité, car sans elle rien ne saurait trouver sa solution  matérielle et rendre les berges à leur nature première. Bon sens collectif, car lui seul peut répondre simplement à ces questions : 1. Qu’est-ce qu’on fera de tout de bazar quand on aura plus d’endroit où le planquer? 2. On continue à vivre comme ça ou on arrête les conneries?